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30 décembre 2014

12 - Le septième jour

 

 

Le premier jour, il était sûr, et même certain, que ce ne serait que temporaire. On ne s’éternisait pas, dans une situation précaire. Le premier jour, il gardait fermement les pieds sur terre ; oui, il y avait de l’espoir, puisqu’il y avait de la lumière.

 

Le deuxième jour le ciel, pourtant, s’assombrissait. Un nuage orageux dans le métro s’immisçait tant qu’il errait, se demandant pourquoi, comment, le firmament lui échappait. Le grondement furieux des rails résonnait dans les tunnels pluvieux, et emplissait son ventre de sacs d’estomacs creux.

 

Le troisième jour, déjà, des plaies et des crevasses fissuraient ses pieds nus ; il les plongeait en grimaçant dans l’eau mais, amère, salée ! elle l’agressait. Son courage s’effritait, dans les sous-sols se terrait. Là-haut, la nature l’angoissait, les arbres l’étouffaient, le bitume l’écrasait. Là-haut, il s’énervait.

 

Le quatrième jour fut le plus long. Sembla passer une semaine, un mois, une saison. Un an : un an à vivre dehors, sans un travail, sans endroit où loger. À la belle étoile il s’allongeait, et regardait le ciel briller, l’œil vide, les poches trouées. Et les saisons se succédaient, figeant le temporaire en immuable.

 

Le cinquième jour, l’œil hagard, il vit une dame qui jetait d’un bras leste des graines aux pigeons.

 

Le sixième jour, affalé contre le mur, épuisé, renâclant comme une bête maltraitée, il regardait les humains passer. Il tendait devant lui une main desséchée, mais personne ne la prenait. Les pas s’accéléraient, les regards fuyaient. Nul ne le voyait ! comme il était laid, comme il sentait mauvais.

 

Et finalement le septième jour, plein d’empathie pour toute la race humaine, celle qui souffrait à la vue de ces vauriens de tire-au-flanc, Dieu créa les œillères.

 

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Commentaires
I
C'est dur !<br /> <br /> Je ne m'en souvenais pas de ma première lecture.<br /> <br /> Bises.<br /> <br /> LC.
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