18 - A vorté
Ploc.
Les gouttes qui se répandent sur le sol carrelé.
Toc.
Les enveloppes, qui dans les urnes sont tombées.
A voté.
Ploc.
Le sang qui se répand en taches d’enfer pourpré.
Toc.
La loi qui comme un glaive dans ton ventre s’est fichée.
A vortée.
Et le poids sur ton corps, de leurs jugements sévères. Et leurs regards en coin, leurs manières qui t’indiffèrent. Ils crient au diable, ils te traitent de sorcière : qu’on te pende, ou bien qu’on t’incarcère !
Ils hurlent au loup, et pourchassent les « chiennes » ; ils veulent t’arrêter, ils voudraient qu’on t’enchaîne. Et puisqu’ils ont conclu, sur ta tête d’ingénue, leurs accords corrompus : derechef ils s’étreignent, ils se serrent les mains – mais tu saignes.
Et tu cries – mais ils n’entendent rien. Ils ne peuvent t’écouter ; ils n’ont pas regardé. Le cintre dans ta main que tu brandissais. Et ils te trouent le ventre, espérant t’aliéner, quand nul de tes droits n’a plus lieu d’exister.
Et tu te désespères, mais puisque nul n’opère, tu répands seule ton ventre ouvert ; et le cintre entre tes mains glisse et ripe, plie et déchire la chair.
Ploc.
Le morceau jugé trop cher, disputé sur la chaire, et qui choit sur le sol.
Toc.
A tué.
Ploc.
A vortée !
C’est la rumeur des femmes ainsi guindées.
C’est le chant de l’Espagne, roulée en boule sur son passé.
Et les États-Unis, qui se mettent à danser !
L’Irlande a accouché, à force de prier, de ses sœurs forcenées aux chevilles brisées.
Ni sorcières ni salopes, les trois femmes soumises, laissent tomber l’armure, offrent leur nudité ; 343 autres s’en retournent drapées, par trois fois souffletées, indignées.
Ploc. Ploc. Ploc.
À celles qu’on tuera, lorsqu’on pensait sauver.
Nunca màs. Le cintre pour avorter.