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15 décembre 2014

15 - L'accord du féminin

 

 

La grammaire est dans son sang

 

Et à neuf ans déjà, lors de la leçon de grammaire, Léa abdiquait docilement. À regrets, d’une voix douce dévolue aux jeunes enfants, elle expliquait : « au pluriel, on doit dire « ils » même s’il y a vingt filles et un seul garçon, puisque ce sont toujours les garçons qui l’emportent… ».

 

Un jour, peut-être que si Léa s’implique encore dans la grammaire, elle deviendra « Académicien », pour donner à ses consœurs du « Cher Confrère ». Pour ne pas choquer la souveraineté du masculin ; voici l’accord du féminin.

 

* * *

La grammaire compte sans son sang

 

Léa porte le sac. Elle est déjà prête, de pied en cap, habillée et coiffée. Contre la porte elle se tient, le sac sur son épaule, et calmement, elle attend. Car Camille se tortille et chante en enfilant son maillot de bain, courant partout dans la maison depuis le matin. Car Louise est dans la salle de bain, à se laver les mains.

 

Léa attend, appuyée contre la porte : elle soupire. Louise sort de la salle de bain en sprintant et dérape sur le tapis. Elle enfile ses sandales en entonnant à tue-tête le refrain de la chanson que Camille a commencée. Et Camille est toujours en maillot de bain ; Léa pose le sac et lui fait enfiler son pantalon, parce que sinon, on n’est pas encore rendus.

 

Camille prend le sac, le hisse sur son épaule frêle en souriant de toutes ses dents d’enfant. Léa sourit en voyant le sac qui traîne encore par terre, parce que Camille est tout petit, du haut de ses quatre ans. Louise est prête et elle a déjà filé dehors, alors que sa maman n’est même pas encore là.

 

Mais bientôt, l’on s’installe dans la voiture, et voilà enfin que l’on y va : tous ensemble, ils vont à la piscine.

 

Ils vont à la piscine. Oui, ils vont à la piscine. Relisez bien.

 

Voici l’accord du masculin. Et s’il vous choque, s’il désappointe, s’il perturbe ou s’il vous porte atteinte, sachez qu’il est correct ; et à ce qu’il semblerait : la grammaire vous emmerde !

 

 

* * *

La grammaire compte sans son sens

 

Léo porte le sac. Il est déjà prêt, de pied en cap, habillé et coiffé. Contre la porte il se tient, le sac sur son épaule, et calmement, il attend. Car Maxime se tortille et chante en enfilant son maillot de bain, courant partout dans la maison depuis le matin. Car Louis est dans la salle de bain, à se laver les mains.

 

Léo attend, appuyé contre la porte : il soupire. Louis sort de la salle de bain en sprintant et dérape sur le tapis. Il enfile ses sandales en entonnant à tue-tête le refrain de la chanson que Maxime a commencée. Et Maxime est toujours en maillot de bain ; Léo pose le sac et lui fait enfiler son pantalon, parce que sinon, on n’est pas encore rendus.

 

Maxime prend le sac, le hisse sur son épaule frêle en souriant de toutes ses dents d’enfant. Léo sourit en voyant le sac qui traîne encore par terre, parce que Maxime est toute petite, du haut de ses quatre ans. Louis est prêt et il a déjà filé dehors, alors que sa maman n’est même pas encore là.

 

Mais bientôt, l’on s’installe dans la voiture, et voilà enfin que l’on y va : toutes ensembles, elles vont à la piscine.

 

Elles vont à la piscine. Oui, elles vont à la piscine. Relisez bien.

 

Voici l’accord du féminin. Et s’il vous choque, et s’il n’est pas correct, s’il désappointe, s’il perturbe ou s’il vous porte atteinte, et si la grammaire s’en retourne dans sa tombe : grammaire, on t’emmerde. Depuis longtemps, grammaire, tu reposes dans un caveau croupi frappé du sceau du masculin ; mais il est l’heure, enfin, de l’accord du féminin.

 

* * *

La grammaire répand son sang

 

Point de querelle, pour la grammaire. Ni féminin, ni masculin, n’est l’accord du pluriel. Nul ne l’emporte, nul n’est atteint. Sinon privé du droit d’être une voix, quand l’autre dérobe le sien. Voleur ou clandestin, nul n’est indemne pour cette infirme grammaire ; sur la balance, que la majorité l’emporte !

À l’heure des accords, le désaccord : nul n’est intègre, sans la grammaire du féminin.

 

Grammaire, desserre tes fers : car il est l’heure pour l’être humain, de l’accord du féminin.

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Commentaires
C
ma préférée car c'est un drôle de souvenir !
R
leçon de grammaire !
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