3 - L’orthographe et la grammaire
On a enterré l’orthographe et la grammaire.
Ça n’était pas chose aisée, ils se débattaient encore, ils se croyaient vivants. Ils déclamaient des vers en épelant : anticonstitutionnellement. Ils nous frappaient à coups de participes passés, mal accordés, pleurnichant des subjonctifs imparfaits composés, et en hurlant, enfin, ils disaient : où est passé le COD ? Où est passé le COI ?
On a perdu les auxiliaires. On les a enterrés avec les adverbes. On a mangé la phrase. On a tué l’alphabet, et on l’a jeté dans la fosse de la grammaire, là où l’orthographe, déjà, avait péri.
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On n’a an terré l’or tôt graff et la grand-mère.
Ça naît tes pas choses aisées, il se débat tes an cors, il se croyait vivant. Il des clamait des verres en et pelant : anti constitution né le ment. Il nous frappe paix à coup de parti cippe passé, mal à corde et, pleurs nichant des subjonctifs un parfait composé, et en hurlant, an fin, il disait : où et passé le COD ? Où est pas ses le COI ?
On n’a perds du les auxiliaires. On les a an terrés avec les adverbes. On n’a ment j’ai la phrase. On n’a tué l’alpha baie, est on l’a je t’ai dans la fausse de la grand-mère, là où l’or tôt graff, déjà, ave peri.
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Pour commencer, quelques mots, des gribouillis et un brouillon : des gribrouillons.
Des gribrouillons, des constructions, et une idée un peu chiffon : un phrasillon.
Phrasillons de gribrouillons, et sur une feuille quelques dessins, trois mots qui tournent en rond.
Une phrase qui se déroule comme un serpent-sans-queue-ni-tête-qui-se-mord-la-queue-goulûment-à-pleines-dents. Ni orthographe, ni grammaire, pour contredire les mots. Ni orthographe, ni grammaire, pour censurer le.
Toc toc toc.