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19 décembre 2014

1 - La chambre sans peluche

 

 

Dans une chambre d’enfant, sur le lit, immobiles, les peluches assises en rang ne quittent pas des yeux la porte ; mais elle ne s’ouvre plus.

 

*   *   *

 

C’est une chambre étroite.

On y dépose un matin ses bagages, avec un sentiment de confusion, un léger frisson. Car la chambre est froide, les coins tachés d’humidité, et ses murs pâles ; couleur banale, atonale.

 

C’est une chambre étroite, et froide, atonale.

Dépeuplée, mais on y rencontre curieusement quelques meubles juxtaposés, comme oubliés. Un lit, une commode, et une planche branlante sur quatre pieds.

 

C’est une chambre étroite, et froide, atonale, dépeuplée.

Les bagages sont immobiles, et semblent fixer les murs de leurs poches étonnées. L’on ne peut se décider à les défaire, dans cette chambre triste. Porté par un sentiment vague, déboussolé, sur le lit on se laisse tomber.

 

*   *  *

C’est un monde très vaste.

On y marche, titubant, porté par un étrange sentiment d’abandon, un grand frisson. Car le monde est terrifiant, son horizon est faste, et ses odeurs, ses bruits, emplissent ses nuits.

 

C’est un monde très vaste, terrifiant, faste.

Des projets et des rêveries, des espoirs et des songes, des coups durs et des angoisses qui le peuplent et le rongent. Un monde imprévisible, où l’on se lance à perdre foi, à perdre loi, à perdre le souffle.

 

C’est un monde très vaste, terrifiant, faste, imprévisible, à perdre le souffle.

La chambre est si petite, dans ce monde si grand, et l’on est en son sein un illustre inconnu, une âme gonflée d’orgueil serein. Une poche de volonté qui n’est pas encore percée, pas encore écoulée, pas encore en déclin.

 

*   *   *

 

C’est une chambre étroite, et froide, pâle, atonale, dépeuplée, oubliée, triste ; c’est un monde très vaste, titubant, terrifiant, faste, imprévisible, à perdre souffle.

 

La chambre est si petite, et le monde est si grand, quand on y pose ses bagages, minuscules en ces murs blancs. Alors, pour se donner la force de continuer au-delà de la peur, l’on s’assied sur le lit, et l’on observe les murs, les poings serrés.

 

Et dans la chambre d’enfant, dépeuplée d’habitant, sur le lit les peluches bien en rang détaillent la porte de leurs yeux blancs. Mais elle ne s’ouvre plus. 

 

Et dans la chambre de l’étudiant, sur le lit, le grand enfant est assis.

 

 

 

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Commentaires
R
Pôv peluches...faudra les glisser dans la valise...
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